Une analyse rapide de la photothèque, un inventaire superficiel suffit. Malgré les avertissements réitérés des photographes, l'internaute éprouve une gêne croissante. Au fil des mois, le constat se fait inquiétant, l'air sature de morbidité. Que signifie cette accumulation du pareil, cette énumération des mêmes lignes, mêmes ciels, cette saturation de lever et coucher de soleil immuables. Comment justifier cette pédagogie de l'évidence, de la répétition où l'enseignant-chercheur tourne en rond sur la roue verticale du dénivelé? Pourquoi substituer au modèle édifiant du chamois inventif, celui d'un hamster d'alpage encagé pédalant à foutre allure dans le tourniquet que domine une assiette de croquettes?
Ce parcours infernal de montée/descente sur rotules usagées sert-t-il à dénoncer par la caricature l'idéologie universitaire alpine traditionnelle? Ou est-ce la preuve affolante d'une absence de personnel qualifié? Un spécialiste d'imagerie de l'Alpe ne peut tout de même arpenter tous les jours la même autoroute à touristes, sous peine de révéler à l'observateur attentif l'incompétence du vieillissement*.

*Licenciement pour faute du responsable photographe en discussion.

Nous observerons nénamoins (ce qui ne nous rassure pas pour autant) une tentative d'approche du vide, une confrontation à la peur. Geste a priori encourageant, que nous préférons interpréter de manière dynamique, comme sursaut d'activité et promesse d'exploit plus que plongée dans les profondeurs de l'inconscience et du désespoir.

* Le photographe était-il assuré en sécurité ou au contraire dangereusement déséquilibré par le vent qu'on sait puissant sur les arêtes, lesquelles ne disposent d'aucun parapet en dépit de nos demandes réitérées auprès de la commune responsable.