Moral d’acier

 

Moral d’acier, c’est ce qu’il faut,

Pas la peine de t’entraîner si t’as la volonté!

 

Tu t’rappelles, Gérard, quand on a fait la Pelle ?

Tu t’souviens du mec avec nous au trois becs

de Die, celui qui a dit…

Un balèze, un enthousiaste, un jeune campeur rompu à tout, qu’avait pas peur, un éclaireur,

un scout d’Europe qui faisait du hip hop,

 

Not’ chauffeur, c’était ton père ! Il n’avait jamais vu d’rocher et voulait vérifier que l’escalade, c’était d’la ballade.

Mais comme j’avais oublié l’topo, le scout a dit…

La muraille faisait peur, un mur immense sous un ciel noir, mon père est devenu soupçonneux, alors le scout a dit:

« Moral d’acier, c’est ce qu’il faut ! 

Pas la peine de t’entraîner si t’as la volonté »

Ton père était aussi un ancien scout mais il a pas aimé du tout.

La paroi, le ciel et pas d’topo, ton père, ça l’remuait, il ruminait.

Heureusement, pendant la nuit est arrivé le déluge, un orage du feu de Dieu,

On a pas pu jouer aux martyrs, ton père a été soulagé et nous a ramené.

On est reparti une autre fois entre copains adolescents avec un sacré moral d’acier.

On a encordé le scout à Bernard, on a fait la voie des Parigos.

Toi, comme toujours, tu gambadais, tu t’envolais, Sacré Gérard, mais quand est arrivée la nuit, le scout était pas sorti.

Avant qu’ce soit le noir total, on a vu dans l’précipice Bernard qui arrivait, tirant son scout comme il pouvait,

On lui a balancé un brin, il est monté et avec notre filin, on a treuillé Moral d’Acier.

 

Mais aujourd’hui, j’ai compris, je sais que c’était toi Gérard, le roi du Moral d’Acier. 

 

Moral d’acier, c’est ce qu’il faut,

Pas la peine de t’entraîner si t’as la volonté

 

 

Retour aux Textes courts