Mont-Blanc
Arête du
Brouillard par gros temps
suivie de la
Face Sud de l’Aiguille du Flou
L’arête
du Brouillard permet de rejoindre le Mont-Blanc de Courmayeur (4748 mètres
au-dessus du niveau de la mer). Ce n’est pas une raison pour prendre cette
course à la légère, au contraire ! Il faut le répéter aux débutants
enthousiastes, l’arête du Brouillard est
une course sévère, en particulier par gros temps. Comme le disent les guides,
l’arête du Brouillard, c’est pas pour les trouillards.
L’humidité
intense, la condensation fréquente y rend les prises humides donc glissantes, à
cause des lichens assoiffés qui deviennent gluants et spongieux. Mais la
difficulté relève surtout d’une visibilité médiocre, surtout la nuit, qui rend
les prises invisibles à moins d’un mètre et souvent le compagnon de cordée
indistinct ou même carrément fantomatique. Sans lunettes antibuée, il n’est pas
rare de perdre la cordée, ce qui rend le sifflet indispensable sans garantir
pour autant une assurance sonore. Le problème du brouillard est en effet
l’effet ouate décibel-absorbant qui donne aux grimpeurs, quand on les voit,
l’apparence de mimes approximatifs aux gestes incompréhensibles, source de
malentendus et disputes aux conséquences parfois dramatiques.
On
se rappelle du cri d’un célèbre premier de cordée qui, hurlant
« sec » quand ça dégoulinait de partout, obtint trois mètres de mou
par son second irascible que les cheveux trempés sous le casque avait rendu
fou. On se souvient que les membres de la cordée furent brouillés à jamais.
Bref,
le bivouac est déconseillé tellement ça glougloute à moins de posséder une housse
imperméable thermogène. On recommande le Gilet orange fluorescent et une lampe
clignotante LED ou un gyrophare. On peut également emmener sirène ou corne de
brume, par contre, les trompes autrichiennes perturbent les sauveteurs,
l’émotion déconcentre et fait péter les bretelles cuir des culottes
courtes. Les fusées sont inutiles dans
les nuées, restant hors champ visuel, le brouillard est plus épais en hauteur.
Comme
vous l’avez compris, l’arête du
Brouillard par gros temps n’est pas pour les trouillards.
Notre
vidéo s’adresse donc aux courageux. Ceux-ci, sportifs insatiables, auront à
cœur de poursuivre après l’arête du brouillard afin d’ajouter à leur première
victoire une seconde course qu’ils enchaîneront. Mais laquelle ?
L’intelligence du montagnard lui fait utiliser son expérience et de toute
évidence, il aura acquis à l’arête du brouillard des compétences visuelles
nouvelles. C’est pourquoi nous proposons un défi logique et redoutable :
enchaîner dans la foulée la Face sud de l’Aiguille du Flou par la voie
armoricaine.
Pour
réussir sans tricher cette difficile escalade, il faudra grimper sans lunettes
à verres grossissants et utiliser un topo imprimé en police 6. C’est à ces
seules conditions qu’on profitera de la vue trouble à l’Aiguille du flou.
Trouver la voie est toujours difficile et la gravir également car il faut
gratonner à tâtons. C’est pourquoi la réussite aléatoire ne sera due qu’au plus
grand des hasards, ce qui respecte l’éthique d’une justice statistique
indiscutable.
On
nous questionne souvent sur le niveau de difficulté de ce diptyque Alpin :
la majorité des cotateurs a jugé l’enchaînement plus dur que le dévers du
Montenvers.
Bonne
course !
Bibliographie :
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Jenbon Mickael La cotation en Haut Dauphiné et ailleurs, PUHD, Grenoble, 2011
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